L’eau est partout. En nous comme autour, l’eau glisse et s’adapte, prend la forme et l’état qu’elle a besoin pour survivre à son environnement. À la fois véhicule et sanctuaire, l’eau transporte, accueille et abrite. À la fois torrent et calme, l’eau apaise et absorbe, mais peut aussi rejeter, frapper fort.
L’eau est un vecteur. Comme la rivière qui descend jusqu’au fleuve, le ruisseau qui se jette à la mer, l’eau nous guide et dicte nos modes de vie.
Il fascine de voir comment un peuple et ses communautés se façonnent en fonction de l’eau qu’ils et elles côtoient, comment on s’identifie à l’eau qui nous entoure. L’eau est le vecteur principal de l’identité madelinienne. Elle détermine qui nous sommes : un peuple de la mer. Des insulaires.
L’insularité est belle. Loin d’être parfaite, elle crée des humains qui connectent facilement. Entre eux, avec ce qui les entoure aussi. L’insularité, c’est faire un avec la mer. La prendre comme elle est, beau temps mauvais temps. Apprendre à la connaître. Apprendre à accepter de ne pas tout comprendre aussi.
C’est vivre au rythme des marées. Rentabiliser les tempêtes. Aimer les vagues. Apprécier le flat calme. C’est découvrir ses richesses. Se tourner vers elles pour nourrir notre monde et pour meubler nos étagères. C’est l’explorer de toutes sortes de façons. De près, de loin, au-dessus ou en-dessous. C’est la prendre comme autoroute pour se relier au reste du monde. Balancer entre apprécier et détester la distance qu’elle nous impose. C’est chercher le goût salé du salange sur sa langue les jours de calme. Profiter des matins brumeux pour entendre la mer à l’aveugle, l’imaginer pas très loin. C’est se baigner. Partout, tout le temps. C’est aussi la crainte des vents d’automne. Un profond respect pour sa puissance, qui nous amène à réfléchir à comment mieux cohabiter. Une humilité sans borne face aux vagues qui fracassent nos côtes. Une peur qu’on peut, qu’on doit utiliser pour être proactif face à la situation. C’est prendre le temps. Prendre le temps d’aimer, d’écouter, de sentir, de ressentir. C’est s’inspirer de la beauté du 360 degrés. Mariner dans la musicalité maritime.
Mais être insulaire, c’est surtout apprécier tout ça. En prendre conscience. Réaliser la chance qu’on a eu de naître ou de débarquer sur ce petit bout de terre entouré d’eau.
L’eau nourrit les peuples, nourrit l’âme, nourrit l’esprit. L’eau nous force à ralentir. L’eau nous aide à apprécier. L’eau te prend tout entière, sans demi-mesure. Sans eau, nous ne sommes que poussière.
Que ce soit en plongeant, en surfant, en voguant, en explorant, en méditant, en dessinant, chantant ou encore en sculptant, prenez le temps de réfléchir aux façons dont vous connectez avec l’eau.
Parce que l’eau a ce super-pouvoir de relier les peuples. Ensemble, prenons-en soin. Protégeons-la.
Cette chronique a été rédigée par la Table de concertation régionale des Îles-de-la-Madeleine dans le cadre du Mois de l’eau.