« Salut à toi, beau lac ! solitaire joyau ! Salut à ta forêt dont le riche manteau t’enveloppe et te cache » 1*

 

Par Claudie Caron, Organisme des bassins versants de la Côte-du-Sud

Artur Cassegrain, avocat originaire de L’Islet, écrivait ces mots en 1866 pour décrire le lac Trois Saumons dans son long poème La Grand-Tronciade.

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Le lac Trois Saumons se situe à quelques kilomètres au sud-est du fleuve Saint-Laurent dans la MRC de L’Islet dans la municipalité de Saint-Aubert. Il est à la quasi-limite du territoire de l’OBV de la Côte-du-Sud, dans le bassin versant de la rivière Trois Saumons. Entouré de montagnes, il offre 2,68 km² d’eaux paisibles et navigables; c’est la beauté du paysage, la tranquillité des environs et la proximité de la nature qui séduisent de plus en plus de villégiateurs chaque année.

Avant même la colonisation du territoire, le lac Trois Saumons était déjà fréquenté par les membres des Premières Nations, attirés par son excellent potentiel de chasse et de pêche. Au 19e siècle, le lac devint célèbre pour la pêche à la truite. Cependant, à cette époque, les bâtiments et les moyens d’accès servaient principalement à loger les hommes travaillant dans l’exploitation forestière2. Les installations se résumaient alors à des camps de bûcherons et des chemins rudimentaires. C’est vers la fin du 19e siècle que la villégiature saisonnière au lac Trois Saumon commence à gagner en popularité.

 

Au cours du 20e siècle, le lac connait un véritable essor : les terrains se vendent rapidement et les chalets se construisent tranquillement tout autour des rives. Durant les étés, le lac devient vivant; les familles viennent passer des séjours pour se baigner et profiter des beaux jours estivaux. La pêche est, à cette époque, formidable: les pêcheurs peuvent repartir avec deux à quatre cents prises à l’intérieur de deux à trois jours. En 1947, le camp Trois-Saumons accueille ses premiers campeurs et crée par le fait même une nouvelle attraction qui attirera au travers des années de plus en plus de jeunes de partout au Québec.

 

Cependant, l’augmentation du nombre de chalets et des activités humaines créent un effet de vieillissement prématuré du lac. En 2018, les rives du lac sont étudiées par la Municipalité de Saint-Aubert. La conclusion : la majeure partie des rives ont perdu leurs caractéristiques naturelles3. Les bandes riveraines naturelles, mises de côté au profit de terrains aménagés, causent problème à la biodiversité terrestre et aquatique en plus de ne pas suffisamment ralentir le ruissellement des eaux de surface4. En 2023, à la demande de la Municipalité de Saint-Aubert, l’OBV de la Côte-du-Sud réalise une étude sur l’eutrophisation et les apports internes en phosphore au lac Trois Saumons5. Le phosphore dans l’eau du lac est une source de nourriture pour les algues et il contribue à leur prolifération. C’est pour cette raison qu’il faut limiter l’accumulation de cet élément afin de ne pas compromettre les activités nautiques, la baignade ou la consommation de cette eau. Dans le rapport, il est question des apports internes et externes du phosphore contenus dans le lac. Le phosphore interne, provenant du fond du lac, est libéré naturellement et graduellement par les sédiments. Le phosphore externe provient des activités domestiques comme le déboisement des rives, le ruissellement sur sol imperméable, les engrais à jardinage ou encore les eaux usées traitées de façon non-conforme. Afin de stabiliser et ralentir l’effet d’eutrophisation, le rapport se conclut par six recommandations. L’une d’entre elles consiste à poursuivre et mettre en place des efforts pour limiter l’apport d’origine anthropique (ou externe) du phosphore dans le lac.

 

Le projet de revégétalisation et de conservation des bandes riveraines, en cours depuis les trois dernières années, aide les riverains à comprendre l’importance de la nouvelle réglementation et les retombées environnementales que ces mesures auront sur leur lac. L’augmentation de la qualité des bandes riveraines aura pour effet d’augmenter l’ombre près des rives, de mieux absorber par le sol les nutriments favorables aux cyanobactéries et de favoriser l’importante biodiversité de l’écosystème. L’OBV de la Côte-du-Sud accompagne les riverains dans l’élaboration de plans d’aménagement, les conseille sur le choix des végétaux appropriés et répond à leurs questionnements ou inquiétudes concernant leurs terrains.

 

Pour la municipalité de Saint-Aubert, le lac Trois Saumon est un joyau de la villégiature. Ce lac, ainsi que divers tributaires, approvisionnent la rivière Trois Saumons qui assure l’approvisionnement en eau pour près de 3500 personnes de Saint-Aubert et Saint-Jean-Port-Joli. Il est donc primordial de préserver cette ressource en évitant le développement de cyanobactéries, en évitant l’apparition d’espèces exotiques envahissantes ou en évitant le déversement d’autres polluants. Des actions, telles que l’installation de fosses septiques conformes aux réglementations et l’inspection continue de ces installations, ont été prises depuis les années 1970 lorsque des coliformes fécaux avaient été détectés dans l’eau du lac. Ces actions d’inspection se poursuivent encore aujourd’hui pour garantir la qualité de l’eau.

Les riverains et les vacanciers qui viennent profiter des richesses du lac manifestent un fort sentiment d’appartenance et un profond respect envers cette ressource naturelle. Le désir de préserver cette icône régionale se transmet de génération en génération. Le lac regorge de ressources pour ceux qui savent l’apprécier et d’histoires sur son origine pour ceux qui savent les conter. Par exemple, savez-vous pourquoi le lac porte dans son nom l’espèce d’un poisson qui n’est pas présent dans son écosystème ? La légende raconte que les premiers pêcheurs capturaient des truites si grosses qu’ils les confondaient avec des saumons. Mais le récit le plus répandu est que le nom Trois Saumons provient des trois montagnes qui entourent le lac, ressemblant à trois dos de saumons. Les légendes qui expliquent pourquoi ces montagnes ont cette forme varient. Selon l’une d’entre elles, trois saumons, poursuivis par un monstre, ont remonté la rivière jusqu’au lac pour s’y réfugier. Une autre raconte qu’un jeune pêcheur, avide de nourrir son village, décida de capturer les plus gros poissons de la région.  Pour découvrir comment cette histoire se termine et où interviennent les montagnes, je vous invite à écouter François Lavallée vous la raconter. Asseyez-vous autour du feu, près de la rive et laissez-vous transporter par le reflet de la lune et des étoiles sur l’eau. Écoutez ici François Lavallée.

Pour plus d’informations sur :  

  • Le lac Trois Saumons et ses légendes :  

Raconte-moi hier : https://www.youtube.com/watch?v=15-U7KSoGwk 

  • Le programme de revégétalisation de ses rives:  

Article sur le projet : https://obvcotedusud.org/un-nouveau-paysage-pour-le-lac-trois-saumons/  

Réglementation : https://saint-aubert.net/file-13804  

Sources :

1* Cassegrain, Arthur. La Grand-Tronciade ou Itinéraire de Québec à la Rivière-du-Loup – Poème badin, Ottawa, G.E. Desbarats, 1866, Collections de BAnQ.

2 Lord, S. Histoire du lac Trois-Saumons. 2018 https://www.lattisee.com/actualites/view/2853/histoire-du-lac-trois-saumons

3 OBVCDS. https://obvcotedusud.org/portfolio-item/bande-riveraine-lac-trois-saumons-2/

4 Chouinard, E. OBVCDS. Un nouveau paysage pour le lac Trois Saumons. 2023. https://obvcotedusud.org/un-nouveau-paysage-pour-le-lac-trois-saumons/

5 OBVCDS. Eutrophisation et apports internes en phosphore du lac Trois Saumons. 2023. https://saint-aubert.net/file-16550

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